Au préalable de notre avis sur les orientations stratégiques, la situation financière et économique et la politique sociale d’Axa IM, l’Ugict-CGT regrette le recueil d’avis sur les “Trois Temps” dans la précipitation à la fin de l’année, de surplus en plein milieu d’un mouvement social massif contre la réforme de la retraite par capitalisation que notre Syndicat soutient entièrement, en se joignant à l’appel de l’opinion public répandue au retrait pur et simple du projet du gouvernement et à l’engagement des négociations avec les partenaires sociaux.
AVIS UGICT-CGT SUR LES ORIENTATIONS STRATÉGIQUES, SITUATION FINANCIÈRE ET POLITIQUE SOCIALE D’AXA IM :
CSE du 12 décembre 2019
Par le passée chez Axa IM, la Direction présentait ses orientations stratégiques en décembre de l’année N-1 pour recueil d’avis en janvier ou février de l’année N ; elle présentait la situation économique et financière de l’entreprise en mai pour recueil d’avis en juin ; et elle présentait sa politique sociale en septembre pour recueil d’avis en octobre…
Ainsi, l’Ugict-CGT demande un retour en 2020 au calendrier normal pour la consultation annuelle sur les 3 temps, et invite la Direction de présenter une actualisation de ses orientations stratégiques à 3 ans dès la séance ordinaire du CSE de janvier 2020.
Sur les orientations stratégiques de l’entreprise en 2019 :
- L’Ugict-CGT ne peut que rendre un avis DÉFAVORABLE dans la mesure où la direction a expressément refusé de présenter ou actualiser les orientations stratégiques de l’entreprise au cours de l’année 2019.
- L’année dernière, au même moment que la Direction élaborait son Target Operating Model (TOM) et son Plan de Suppressions d’Emplois Volontaires visant des économies de 125 millions d’euros, elle a actualisé ses objectifs chiffrés à horizon 2020 qui ont été annoncé pour la première fois en décembre 2014 : L’objectif sur les Revenues a été révisé à la hausse à 1.604 milliards d’€, soit un taux de croissance moyen sur la période de 7% ; l’objectif sur le Profit Opérationnel (« Underlying Earnings ») a été révisé à la hausse à 365 milliards d’€, soit un taux de croissance moyen sur la période de 11% ; l’objectif d’Encours Total (« AUM ») a été révisé à la hausse à 835 milliards d’€. Et l’objectif de Cost-Income Ratio a été fixé à 66,8%.
- Pour l’année 2018, sur la base de laquelle le recueil d’avis se fait aujourd’hui, nous constatons une baisse de 2% dans les Revenus, une baisse de 46% dans le Profit Opérationnel, un Encours Total de 642 milliards d’€ ou 23% en dessous de l’objectif 2020, et un Cost-Income Ratio de 72,1% ou 8% en deçà de l’objectif. Ainsi, malgré les efforts énormes demandés aux salariés pour réduire les coûts, la stratégie de la Direction d’Axa IM ne délivre pas ce qu’elle avait promis.
- Lors du point d’information sur les orientations stratégiques devant le CSE en 2019, la Direction nous a dit que « rien ne change » par rapport aux objectifs données en 2018, preuve que la Direction est restée dans le déni tout au longue de l’année 2019.
- En réalité, la Direction a montré ses cartes perdantes lors des négociations sur l’accord du nouveau CSE, qui sont en échec depuis avril 2019 : La Direction a insisté pour porter la consultation du CSE sur les orientations stratégiques à tous les 3 ans, au lieu d’annuellement comme le prévoit la Loi, afin que l’avis du CSE sur les orientations stratégiques ne soit sollicité qu’une fois par mandat. Au lieu de constaté l’échec des négociations sur ce point et de présenter une actualisation des orientations stratégiques sur les trois prochaines années, la Direction a simplement dit que « rien ne change ». Force est de constater que la Direction Générale de l’entreprise n’est assistée à aucune séance du CSE en 2019, alors que les années passées elle est venue à minima pour présenter et recueillir l’avis des élus sur les thèmes des « Trois Temps ».
- L’Ugict-CGT dénonce ce stratagème à peine voilé, et demande au CSE de voter une entrave dans la mesure où l’expert désigné par ses soins a confirmé que la Direction a refusé de communiquer ses objectifs chiffrés sur les trois prochaines années.
Sur la situation financière de l’entreprise en 2019 :
- L’Ugict-CGT rend un avis DÉFAVORABLE à la politique de gérer notre entreprise comme un simple département financier de la maison mère, sans que la véritable pouvoir de décision soit logée au sein de l’entreprise : La baisse constatée dans les revenus est la conséquence directe de la décision de l’actionnaire et sa direction de baisser les commissions sur le plus grand client, qui est l’unique et même personne morale : le Groupe Axa.
- Dans le même temps, l’actionnaire-client Groupe Axa exige une diminution drastique des coûts au sein de sa filiale, visant une compression du Cost-Income-Ratio concomitamment à la baisse des revenues imposée.
- Cette contradiction imposée par l’actionnaire-client Groupe Axa met délibérément Axa IM, sa propre filiale, dans un position d’échec constant par rapport aux objectifs stratégiques et financières irréalistes et non atteignables . Alors que la profitabilité de l’entreprise est tout à fait en ligne avec ses niveaux historiques, elle ne représente qu’un tiers de l’objectif fixé et maintenu par la Direction depuis 2014. Ainsi les salariés, les seules véritables variables d’ajustement, sont pressés comme des citrons.
- Cela est évident quand on considère les négociations DÉLOYALES menées par la Direction d’Axa IM au titre de la Négociation Annuelle Obligatoire sur les salaires effectifs, l’égalité professionnelle entre les Hommes et les Femmes, et les conditions de travail des salariés. En 2017, la Commission Salaires (qui constate la mise en oeuvre effectif de la NAO précédente), a eu lieu en juin, et les négociations ont démarré à partir de cette date. En 2018, la Commission Salaires a eu lieu en novembre, et les négociations ont été précipitées et ont été repoussées en janvier 2019. Cette année, bien que la Direction a annoncé sa décision d’ouvrir la NAO le 24 septembre, elle a attendu le lundi 9 décembre, soit il y a 3 jours, pour tenir la première séance NAO lors de laquelle elle a déclaré « n’avoir aucun mandat pour négocier » et n’a fait que « recueillir les revendications des syndicats ».
- « N’avoir aucun mandat pour négocier ? » Pourquoi ? Est-ce parce que la direction d’Axa IM attend des instructions du Groupe Axa pour annoncer la proposition unilatérale de la direction et les éventuelles marges de manœuvres ? Dans ce cas, nous demandons à ce que le représentant du Groupe Axa habilité à prendre des décisions salariales chez Axa IM participe à la NAO Axa IM.
- Sinon, l’Ugict-CGT estime que le manque de loyauté dans les négociations obligatoires caractérise un délit d’entrave.
Sur la politique sociale menée par la Direction d’Axa IM en 2019 :
- Les salariés d’Axa IM sont exténués et mécontents par les réorganisations incessantes, les déménagements irréfléchis, les modifications des conditions de travail unilatérales contre l’avis unanimement défavorable des représentants du personnel, ainsi que l’imposition des règles floues et subjectives de l’évaluation professionnelle, le manque de négociation ou de suivie sérieux de l’égalité professionnelle entre les Hommes et les Femmes, l’absence de mise en œuvre ou de suivi d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences réelle, et l’atteinte à l’intérêt collectif de la profession par le non-respect de la direction de l’article 79 de la convention collective.
- Réorganisations incessantes : Dès le terme du PSE Volontaire supprimant 163 emplois, la Direction à commencer à réorganiser plusieurs services, dont Axa REIM SGP, Active Fixed Income, FMGG et Fund Accounting en dernier lieu. C’est l’aveu que le TOM mis en place à l’occasion du PSE 2018 n’était en réalité pas pertinent. L’organisation de l’entreprise est trop dépendante des personnes, chaque départ d’un manager nécessitant une réorganisation de plusieurs équipes au nom des économies de coûts. Les salariés soufrent de cette instabilité.
- Déménagements irréfléchis: La Direction passe outre l’avis unanimement défavorable du CSE à la mise en bocal des salariés d’Axa Framlington REITs, actuellement en open Space Flex avec leurs collègues travaillant sur les mêmes outils et problématiques, et ce au seul motif qu’ils travaillent sur des informations publiques ne nécessitant pas leur isolement.
- Modifications des conditions de travail unilatérales : 2019 était l’occasion de la mise en place unilatérale forcée du travail nomade au sein du département Core, contre l’avis unanimement défavorable des représentants du personnel. Motivé exclusivement par un intérêt économique de libérer des étages, diminuer le nombre de postes en dessous du nombre de salariés, le projet a été expressément déconnecté de la question du renouvellement du parc et outils informatiques et du télétravail, et est générateur de nouveaux risques psychosociaux (RPS) et de troubles musculaires squelettes (TMS) mal maîtrisés. Consciente des problèmes créés par l’imposition du Flexwork sans y associer les salariés, la Direction est en train de mettre en place des “Ambassadeurs” parmi les salariés pour participer à des “groupes de travail” menés par un cabinet extérieur pour améliorer le dispositif, et cela sans l’information ou avis des représentants du personnel, avec qui la Direction refuse d’ouvrir les négociations collectives sur le Flex.
- Imposition des règles floues et subjectives d’évaluation professionnelle : L’échec total du “Leadership Framework” imposé par la direction au cœur du dispositif d’évaluation professionnelle a motivé son remplacement par des “Engagements”. La différence n’est que cosmétique, et les “engagements”, mis en place comme le leadership framework contre l’avis unanimement défavorable des représentants du personnel, sont eux aussi voués à l’échec : Le dispositif d’évaluation flou et subjectif est de nature à fragiliser psychologiquement les salariés et à faire émerger ou aggraver les situations de conflit entre le salarié et son responsable.
- Manque de négociation ou de suivi sérieux de l’égalité professionnelle entre les Hommes et les Femmes : 2019 a été l’occasion pour la Direction de réaffirmer sa politique de longue date de flouer la négociation sur l’égalité professionnelle entre les Hommes et les Femmes au sein de l’entreprise : D’une part, elle produit des chiffres qu’elle admet elle-même n’ont aucune pertinence au constat réel ou comparaison entre les hommes et les femmes au sein de la même Classe et Catégorie Professionnelle à l’âge ou l’ancienneté comparable. Puis d’autre part, elle s’engage à “veiller” à l’égalité de rémunérations entre les Hommes et les Femmes, sans produire un quelconque élément permettant aux représentants du personnel à exercer un contrôle dans la matière.
- L’absence de mise en œuvre ou de suivi d’une Gestion Prévisionnelle des Emplois et des Compétences réelle : L’Accord GPEC signé en 2016 est expiré au cous de 2019 : L’Observatoire des Métiers annuel n’a pas eu lieu en 2018, la Direction ayant refusé de faire un lien entre les catégories professionnelles du PSE et les fonctions et classifications au titre de la convention collective. Sans avoir à ce jour ouvert des négociations pour un éventuel renouvellement de l’accord pour les trois ans à venir, la Direction vient juste cette semaine de convoquer l’observatoire des métiers au titre de l’accord expiré.
- L’atteinte à l’intérêt collectif de la profession : Depuis plusieurs années, la Direction d’Axa IM a fait une véritable position de principe de ne pas respecter l’article 79 de la Convention Collective Nationale des sociétés d’assurance. Le soi-disant “Guide d’amélioration de la performance” mis en place unilatéralement par la Direction contre les propositions Ugict-CGT données au titre du Groupe de Travail désigné par l’ancien Comité d’Entreprise, ne fait qu’aggraver la situation dans le mesure où il ne fait qu’entériner une formalité pour la Direction avant de passer mécaniquement au licenciement abusif pour “insuffisance professionnelle”. Le refus d’appliquer de bonne foi ces dispositions est créateur d’anxiété et de stress autour des questions d’évaluation des compétences professionnelles et de la performance des salariés, des arrêts et accidents de travail ainsi que les agissements répétés de harcèlement moral ayant pour but ou pour effet une dégradation des conditions de travail et l’état de santé physique et mentale des salariés concernés. La Direction a persisté dans cette voie en 2019, ce qui a contraint notre Syndicat à défendre l’intérêt collectif de la profession à côté des salariés devant la justice.
- Pour ces raisons, l’Ugict-CGT rend un avis défavorable sur la politique sociale d’Axa IM en 2019.
AVIS DES ÉLUS DU CSE AXA IM :
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CSE AXA IM
12/12/2019
Avis sur les 3 blocs de consultation SEF-SOC-AOS
Avis du CSE sur la situation économique et financière
L’objectif de la consultation sur la situation économique et financière est d’analyser si la performance économique de l’entreprise est bonne, saine et permet à l’entreprise d’investir dans son cycle d’activité pour assurer à la fois sa propre pérennité et celle des emplois.
La situation économique et financière de l’entreprise est bonne, malgré un contexte défavorable :
- le contexte de taux bas s’installe dans la durée, que ce soit en France ou dans le monde, quelle que soit la politique impulsée par les banques centrales, ce qui conduit les groupes d’assurances à réviser défavorablement leurs prévisions de revenus, de provisoirement et, par conséquent, de résultats, ce qui les amène à exiger des autres compartiments du compte de résultat une plus forte contribution, qu’elle vienne par, a minima, la sauvegarde des revenus et la maîtrise des charges techniques et de gestion, donc par la recherche d’économies,
- le comportement des marchés d’actions en 2018 limitait les réalisations de gains, voire entraînait des pertes de valeur,
- En 2019 et 2020, la rentabilité générale du secteur de l’assurance devrait rester sous pression en raison de l’environnement de taux d’intérêt bas qui est appelé à perdurer compte tenu du changement récent d’orientation de la politique monétaire. Bien que la rentabilité se soit améliorée en Amérique du Nord, une stabilisation à ce niveau serait attendue pour les deux prochaines années. En EMEA avancée, d’autres défis se rajoutent à la faiblesse des taux d’intérêt, tels que de nouvelles réglementations comme le règlement général sur la protection des données (RGPD). En Asie-Pacifique avancée aussi, la rentabilité devrait se maintenir à un niveau modeste au regard de la faiblesse persistante des taux d’intérêt. Dans les marchés émergents, en Chine notamment, le rebond des valeurs cette année indique que la rentabilité devrait s’améliorer.
- dans des marchés matures, la pression concurrentielle a été particulièrement intense, tant sur le marché des particuliers avec les banquiers assureurs, que sur le marché des entreprises,
- La loi Pacte contient des mesures fortes sur deux placements financiers majeurs, l’assurance vie et l’épargne retraite, en ouvrant aux particuliers des possibilités de placement habituellement réservées aux investisseurs, ce qui pourrait constituer des opportunités importantes pour le développement de la gestion d’actifs pour les groupes d’assurances.
Au niveau du groupe Axa dans le monde, le chiffre d’affaires et le résultat opérationnel de la gestion d’actifs ont bien résisté en masse. Les gestionnaires d’actifs doivent également faire face aux défis du secteur en créant de nouveaux produits actifs qui se distinguent des référentiels généraux, en passant d’un modèle de produit à un modèle de service, en utilisant davantage la technologie (AXA IM a ainsi mis en place le laboratoire d’ingénierie quantitative d’une trentaine de professionnels) pour créer des liens plus étroits avec les distributeurs et les clients finaux, et en maintenant les coûts d’exploitation sous un contrôle plus strict.
AXA IM a vu sa collecte nette impactée défavorablement par la décollecte sur les joint-ventures (7,2 Md€) et sur Framlington Equities (6,0 Md€), en partie compensée par la collecte sur Real Assets (+ 3,6 Md€) et Structured Finance (+ 2,6 Md€), alors qu’elle progresse sur les clients tiers (hors JV). Globalement, le Net New Run Rate évolue défavorablement entre 2017 et 2018 (- 16,3 Md€), avec des effets volumes et des effets taux très contrastés selon les compartiments.
AXA IM a généré des revenus moins importants qu’en 2017 (1.564 M€ contre 1.604 M€), mais ce niveau reste supérieur aux années précédentes et cette évolution doit tenir compte des effets de contexte que l’entreprise subit sans pouvoir s’y soustraire.
Le taux de marge moyen sur commission de gestion rapporté à l’encours moyen s’érode sur les clients tiers (de 0,345 % en 2016 à 0,305 % en 2018), mais il reste toutefois nettement supérieur à celui observé sur le fonds général Axa qui reste quasiment stable à 0,107 %, étant précisé que le fonds général Axa représente 68 % des encours moyens.
- AXA IM dégage encore 270 M€ de résultat courant en 2018, hors exceptionnel, même si les prévisions sont en recul, le pré – closing prévoit encore 260 M€ de résultat courant pour 2019.
Le ratio cost/income reste certes supérieur à 70 %, mais cela signifie que la profitabilité brute d’Axa IM approche les 30 % avant éléments exceptionnels.
Les élus comprennent les contraintes auxquelles le groupe Axa doit faire face. Toutefois, ils attirent l’attention sur la forte pression que cela exerce sur Axa IM pour dégager des résultats, dans un contexte contraint et alors que deux tiers de ses revenus dépendent des décisions d’Axa, son principal client. La recherche d’économies à court terme qui en résulte pourrait mettre en péril la qualité servie par Axa IM, d’autant que la complexité et la volatilité des marchés financiers nécessitent des moyens humains experts, donc des investissements importants à la fois dans les effectifs, mais aussi dans les compétences, donc dans la formation.
Axa IM a également besoin d’investir, sur les marchés, bien sûr, mais aussi dans ses moyens de fonctionnement et dans son développement, notamment numérique.
Sa performance économique reste excellente, compte tenu des particularités de son exercice.
Les élus prennent acte pour l’ensemble de ces raisons. Ils appellent de leurs vœux une meilleure reconnaissance de cette performance par le management et par le groupe Axa.
Avis du CSE sur la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi
L’objectif de la consultation sur la politique sociale, les conditions de travail et l’emploi consiste à forger une opinion sur les différents aspects de la gestion par l’entreprise des moyens qu’elle met en œuvre pour conduire ses activités et des conséquences que cela entraîne pour les salariés.
Les élus souhaitent rappeler les ambitions évoquées dans leur précédent avis sur ce sujet :
- la politique sociale doit permettre aux salariés de se situer et de se projeter dans l’organisation, à la fois dans leur métier et dans son évolution, sujet d’autant plus important que la réorganisation et le plan de départs volontaires continuent de produire leurs effets,
- attirer et conserver les profils talentueux, un défi de taille au regard des départs en période d’essai, des démissions et de la consommation importante de ressources temporaires par l’entreprise, notamment à travers les contrats d’alternance.
La consultation sur la situation économique nous amène à constater que l’entreprise possède la capacité d’investir dans les moyens nécessaires pour conduire l’activité, notamment les moyens humains, bref, dans la politique sociale.
Pourtant, les indicateurs ne sont pas encourageants :
- les effectifs sont en baisse, quel que soit l’indicateur observé, ce qui signifie que la force de travail qui est mis en œuvre pour absorber la charge de travail est en recul, alors que rien n’indique une réduction de la charge de travail, bien au contraire, et que le plan de départs volontaires ne peut qu’aggraver la situation,
- l’entreprise perd des jeunes, notamment en raison du nombre élevé des démissions qui deviennent le principal motif de départ de l’entreprise, même en tenant compte des fins de contrats temporaires
- le turnover qui en résulte reste élevé à 7,21 %, même s’il l’est moins qu’auparavant, ce qui génère de la charge de travail supplémentaire pour compenser à la fois les départs et l’intégration de nouveaux entrants, et cette charge de travail supplémentaire pèse aussi bien sur les managers qui doivent gérer les mouvements au sein des équipes que sur les équipes elles-mêmes qui compensent les départs et épaulent les nouveaux entrants,
- ce phénomène est d’autant plus marquant que l’entreprise fait appel à de nombreux contrats temporaires qui ne sont pas forcément convertis en CDI, la charge de travail liée à leur intégration et à leur tutorat se renouvelle donc sans cesse,
- l’investissement en formation affiche un budget en retrait (2,2 M€ pour 2018 contre 2,8 M€ en 2017) alors que le développement des compétences constitue un levier majeur de compétitivité et de développement de notre activité, que cet investissement n’est pas mis en rapport avec les besoins en compétences ni avec l’évolution des métiers, notamment ceux en déclin, et que l’efficacité des actions de formation n’est pas mesurée, de sorte qu’il est impossible d’admettre que cet effort de formation est satisfaisant au regard des défis qui nous attendent,
- l’absentéisme et l’accidentologie constituent des indices de surcharge de travail, même si leurs causes peuvent être multiples, et ils apportent eux aussi de la désorganisation, donc de l’épuisement professionnel, qui ne semble toujours pas mesuré, encore moins compensé,
- • en matière d’égalité professionnelle, malgré les engagements pris, certains objectifs ne sont pas réalisés, comme celui d’atteindre 40 % de femmes parmi les Attachés de Direction et les Directeurs à fin 2018 (34,86 %), celui d’atteindre 50 % de femmes cadres recrutées dans l’effectif total recruté (29 %) ou celui d’atteindre un taux de promotion égal à 50 % dans les classes 6 et 7 pour les femmes (respectivement 37 et 33 %),
- bien que les rémunérations semblent avoir progressé, elles l’ont fait moins vite que les 10 rémunérations les plus élevées dont la progression est à deux chiffres alors que l’entreprise est engagée dans une période de réduction des coûts pour maximiser son résultat.
Les élus émettent donc un avis défavorable pour l’ensemble de ces raisons. Ils appellent de leurs vœux une meilleure vision des moyens que l’entreprise entend mettre en œuvre pour stabiliser et consolider l’organisation du travail au service du développement d’Axa IM.
Avis du CSE sur les orientations stratégiques
L’objectif de la consultation sur les orientations stratégiques est de permettre au CSE de débattre sur les perspectives envisagées par l’entreprise, mais aussi sur leurs conséquences sur l’activité, l’emploi, l’évolution des métiers et des compétences, l’organisation du travail, le recours à la sous-traitance, à l’intérim, à des contrats temporaires, à des stages ainsi que sur des solutions alternatives ou complémentaires que le CSE serait habilité à formuler. Le débat doit donc pouvoir s’engager sur le fond et pas seulement avec la direction, mais aussi avec le conseil d’administration à qui le CSE peut proposer des alternatives et qui doit formuler une réponse argumentée au CSE.
Bien que la situation soit connue de tous, les élus ne peuvent faire autrement que de constater que la BDES n’est toujours pas conforme aux dispositions du Code du travail. En effet, même si la rédaction du Code du travail est, a minima, maladroite, elle est très claire : le CSE doit disposer d’informations chiffrées portant sur les deux exercices clos (2017 et 2018), l’exercice en cours (2019) et les trois exercices à venir (2020, 2021 et 2022).
Par conséquent, une grande partie des informations prospectives nécessaires aux élus n’est pas disponible, soit qu’elle n’apparaît pas dans la BDES, mais dans d’autres documents, soit qu’elle n’est pas construite par l’entreprise.
Pour les informations construites, comme les projections de revenus, de charges ou de résultat opérationnel, elles s’arrêtent à horizon 2020, alors que la loi prévoit un horizon 2022.
Les élus reconnaissent l’effort de communication fourni par la direction à côté de la BDES et comprennent qu’il soit difficile de construire des projections dans un contexte aussi contraint et changeant, mais ils appellent de leurs vœux la construction d’une vision plus claire du plan de marche de l’entreprise.
En effet, ce contexte est également porteur d’opportunités que l’entreprise doit pouvoir saisir. Or, rien ne permet de déterminer le chemin qu’empruntera l’entreprise ni les moyens qu’elle mettra en œuvre pour atteindre les objectifs qu’elle évoque, ou plus précisément que le groupe lui assigne.
Cela est d’autant plus dommageable que les salariés se trouvent pris dans une injonction contradictoire : générer davantage de résultats avec moins de moyens dans un contexte plus difficile, sans qu’aucun élément ne leur permette de comprendre comment ils peuvent espérer réaliser ce tour de force.
Outre le risque de s’écarter du cap tracé trop vaguement, les élus attirent la vigilance de la direction sur le risque d’érosion de l’engagement des salariés si ceux-ci ne peuvent pas se projeter clairement dans l’avenir au sein d’Axa IM.
Ce risque est aggravé par les révisions successives à la baisse des prévisions, sans qu’aucune réponse ne soit apportée aux deux questions qui en découlent :
- comment atteindre les objectifs ambitieux assignés par le groupe, à supposer que ce soit possible ?
- que se passerait-il si ces objectifs n’étaient pas atteints ?
Au surplus, comme cela a été constaté dans la consultation sur la situation économique, comment Axa IM pourrait-elle réaliser ces objectifs assignés par le groupe quand deux tiers de ses revenus proviennent du fonds général AXA, que rien n’explique quand ni comment cette structure d’encours changerait significativement et que le taux de marge sur ces deux tiers d’encours moyens est largement inférieur à celui observé sur les Clients Tiers ?
Le stress engendré par cette injonction contradictoire peut être renforcé par l’inquiétude au regard de l’avenir, déjà très sensible en raison du plan de départs volontaires engagé par l’entreprise. Le CE de l’UES avait déjà souligné dans son avis de mars 2018 que « Le manque de visibilité sur la “transformation” annoncée en 2017 ne fait rien pour rassurer ou mobiliser les salariés. Le climat général est celui d’une entreprise en flottement, au risque d’une déperdition des compétences ou de départs à la concurrence. » Force est de constater que les très nombreuses démissions relevées à l’occasion de la consultation sur la politique sociale confirment l’analyse que les élus avaient conduite à l’époque.
Les élus attirent à nouveau la vigilance du conseil d’administration sur les dangers d’une recherche d’économies à court terme alors que le développement de l’entreprise passe nécessairement par des actions à moyen long terme qui nécessitent des investissements plutôt que des restrictions budgétaires.
La performance économique et financière de l’entreprise reste excellente et trouve son origine dans le travail de l’ensemble des salariés, dans leur engagement, malgré les tensions dans lesquelles ils évoluent et les inquiétudes auxquelles ils doivent faire face. Les élus souhaitent que cet engagement de leur part ne soit pas sacrifié au profit de la réalisation des objectifs du groupe Axa et au détriment du développement de l’activité auprès des tiers.
Les élus émettent donc un avis défavorable pour l’ensemble de ces raisons. Ils appellent de leurs vœux une vision plus claire de la trajectoire stratégique, mais surtout des moyens qui seront mis à disposition pour atteindre les objectifs assignés par le groupe qui recherche une maximisation de ses résultats à court terme.
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