Depuis le premier article de Bloomberg relatif aux réflexions stratégiques du Groupe AXA sur le futur d’AXA IM, le 14 septembre dernier, tout le monde en parle. Une semaine plus tard, au CE du 21 septembre 2017, le Directeur Général s’est rendu au Comité d’entreprise en dehors de tout point prévu à l’ordre du jour. Après un échange houleux avec le Secrétaire du CE, qui cumule son mandat avec celui du délégué syndical CFDT, ce dernier a menacé de contacter l’Agefi, le quotidien économique, s’il ne recevait pas sur le champ une réponse à sa question, « oui ou non, AXA IM est-il en vente ? » Le DG a réitéré que, par principe, nous avons pour politique de ne pas commenter les rumeurs de marché, et a proposé de ne pas nous laisser distraire par ces rumeurs mais continuer à nous concentrer sur les sujets importants. Chose promise, chose faite, un article est apparu le lendemain dans Agefi,   intitulé « La CFDT redoute une restructuration chez AXA IM ». Et voilà que tombe de plein fouet le masque d’hypocrisie  : Le syndicat qui prône le « réformisme » (sur la première page de sa dernière profession de foi) –, qui depuis des années se prononce « favorable » à toute réorganisation présentée aux CE et CHSCT, qui a validé sans réserve l’externalisation du back-office ainsi que la cession d’AXA Private Equity –, a maintenant peur de la « transformation » d’AXA IM. Ugict-CGT ne partage ni la confiance aveugle que cette organisation syndicale a donné à la Direction depuis des années, ni la peur qu’elle affiche et tente de susciter parmi les salariés aujourd’hui.

« Redouter » = « appréhender » ou « craindre » (en anglais « to fear » ou « to dread »).

Rien que le titre de l’article publié sur la place publique, menacé lors d’une instance sociale de l’entreprise, dit tout sur l’état d’esprit ainsi que les contradictions de cette organisation syndicale. Elle a distribué à de nombreuses reprises des tracts vantant les multiples reformes du Code du travail ces dernières années — les lois “Sécurisation de l’emploi (ou plutôt “in-sécurisation de l’emploi”) de 2013, la loi “Rebsamen” de 2015, la loi Macron (à l’époque ou ce dernier était Ministre de l’Economie) de 2015, la loi “El Khomri” de 2016, et aujourd’hui les “Ordonnances Macron” (en tant que Président de la République). Tout au long de ces réformes destructrices du Code du travail, la CFDT était le fidèle relais du Medef et du gouvernement auprès des salariés pour prôner la suppression de l’élection des Prud’hommes, la réduction des délais de contestation du licenciement, la limitation des indemnités en cas de licenciement abusif, le démantèlement de multiples droits et prérogatives historiques des instances du personnel CE, CHSCT et Délégués du personnel, la facilitation des plans sociaux et la mise en place d’une “rupture conventionnelle collective”, la primauté des accords d’entreprise (signés par la CFDT) sur les conventions collectives de branche et le Code du travail, la promotion de la “flexibilité” des salariés, le renforcement du pouvoir unilatéral de l’employeur …

Ce soutien sans faille et sans réserve du syndicat d’accompagnement patronal perdurait tant que les élus de la CFDT n’étaient  pas touchés directement par les reformes auxquelles ils étaient jusqu’ici fermement favorables.  Maintenant qu’ils sont concernés directement, par exemple chez AXA IM, soudainement ils deviennent appréhensifs : “Le syndicat craint des réductions d’effectifs”, dit l’article cité plus haut. Sans blague ? Vous ne venez de vous en rendre compte que maintenant ? Depuis des années, ce “syndicat” ne s’est jamais préoccupé des salariés qui ont perdu leurs postes à la suite de multiples réorganisations empilées les unes sur les autres au nom de la “flexibilité”.

UGICT-CGT AXA IM EST UN SYNDICAT D’ENTREPRISE, PAS UNE COLLECTION D’INDIVIDUS TÉLÉGUIDÉS PAR LEURS RESPONSABLES SYNDICAUX AU NIVEAU DU GROUPE AXA

Bien que l’article de la CFDT n’apporte aucune information nouvelle, il y a néanmoins, pour les salariés d’AXA IM, une information importante à en tirer : Ce n’est pas le délégué syndical CFDT AXA IM, Secrétaire du CE, qui est cité comme source, mais plutôt un délégué syndical national au niveau du Groupe AXA en France. C’est parce qu’au niveau de l’entreprise AXA IM, la CFDT n’a aucune personnalité morale, aucun moyen financier autonome, aucune indépendance d’action. Tous les Bons de Financement Syndicaux (BFS) massivement collectés annuellement par la section syndicale CFDT AXA IM partent directement là haut dans les caisses centrales du syndicat. Cette section syndicale dépend entièrement des directives de son appareil syndical central, et se voit obligée d’exécuter fidèlement les décisions prises par les responsables CFDT Groupe, qui traitent les affaires avec leurs interlocuteurs de la Direction du Groupe AXA.

Et s’ils décident là haut de vendre AXA IM — Pensez-vous que les représentants CFDT sur le terrain vont bouger leur petit doigt pour les salariés d’AXA IM ? Ils ne l’ont pas fait pour les salariés vendus à State Street, ni pour ceux de Private Equity et vous pensez qu’il le feront pour vous…..pour nous ?

Le Syndicat Ugict-CGT AXA IM est tout le contraire. C’est le seul syndicat constitué exclusivement sur le périmètre de l’UES AXA IM. Les responsables du syndicat, dont les noms sont déposés à la Mairie de Puteaux selon les dispositions légales, sont des salariés d’AXA IM. Votre destin est le leur. C’est un gage de notre indépendance et une garantie de l’alignement des intérêts du Syndicat Ugict-CGT avec les intérêts des salariés d’AXA IM. Notre UES est constituée de six sociétés distinctes, et ensemble les salariés de l’UES AXA IM ont des intérêts distincts du nébuleux “Groupe AXA”. Cela se voit et se comprend plus particulièrement dans les moments de “transformation” comme aujourd’hui, quand la Direction du Groupe explore ses options pour restructurer le Groupe au nom de la “profitabilité” et des “dividendes”. A titre d’exemple, notre Syndicat était tout seul à réclamer un “droit de retour” dans le Groupe AXA pour les salariés d’AXA Private Equity.

UGICT-CGT ACCOMPAGNE LES SALARIÉS, PAS LA DIRECTION

Ne cédons donc pas à la peur et la résignation, mais soyons lucides et rationnels. Sachant ce qui va nous arriver, prenons conscience que nous avons désormais, en tant que salariés, deux choix à faire :

  •  Soit je reste un individu face à mon employeur — sachant que le destin de mon entreprise échappe totalement même aux représentants de mon employeur, car les décisions nous concernant seront prises par un Groupe avec ses propres intérêts et sa propre logique –, et je m’apprête à accepter tout ce qui peut arriver, sans aucun soutien particulier, aucune source d’information privilégiée, aucun repère ou expérience comparative …
  • Soit je décide de me syndiquer, d’exercer mon droit social élémentaire constitutionnellement protégé, de prendre mon destin en main, de me donner un appui et une source d’information alternative, de me mettre en communauté avec d’autres salariés avec qui je partage des expériences et intérêts communs…

Et une fois que l’on a décidé de s’extraire de l’isolation et de la résignation en décidant de rejoindre un syndicat, il me reste, chez AXA IM, une deuxième décision à prendre :

  • Soit je fais confiance à une “section syndicale” informelle, dirigée et dépendante des responsables syndicaux bien confortablement assis dans leurs chaises au niveau du Groupe, dont la grande majorité des adhérents se trouvent dans les entreprise autres que la mienne, aucunement concernés par  ce qui pourrait arriver aux salariés de mon entreprise car ils n’ont absolument rien en commun avec moi …
  • Soit je décide de rejoindre un vrai syndicat statutaire dont tous les responsables et adhérents sont dans la même  entreprise que moi, dans lequel je peux m’exprimer librement et participer aux décisions collectives concernant l’avenir de mon entreprise et mon emploi.

Pour un bon nombre de salariés d’AXA IM, le choix est clair et déjà fait.

Et vous, qu’attendez-vous ?

image_print