La Direction a exprimé sa surprise et déception quant au manque d’adhésion de TOUS les salariés au projet « ambitieux » de l’entreprise : Plus d’économies, plus d’efficience, moins d’effectifs, moins de moyens et de « conforts » pour les salariés
Les salariés d’Axa IM ont atteint les objectifs du plan précédent malgré un contexte difficile. Leurs élus s’interrogent sur le réalisme du plan 2024-2026, qui prévoit une multiplication par 4 des Net New Revenues, considérant les nombreuses hypothèses nécessaires à sa réalisation comme « utopiques ». Ils ont souligné également les défis liés aux réorganisations internes, à l’intégration de nouvelles acquisitions et aux ambitions ESG, jugées incompatibles avec les pressions financières à court terme.
Pour l’ensemble des élus au CSE Axa IM, il est « inconcevable » de donner un avis favorable à ces orientations stratégiques
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Avis du CSE de l’UES AXA IM
Information-Consultation sur les orientations stratégiques
28 Mai 2024
Les élus souhaitent rappeler en introduction que, sur le plan précédent (2021-2023), les salariés d’AXA IM ont su délivrer les résultats attendus, et ce malgré les 2 revues consécutives à la hausse des objectifs. Faudra-t-il s’attendre lors du plan 2024-2026 au même opportunisme de la part du Groupe vis-à-vis de la performance d’AXA IM ? Pour mémoire, l’atteinte des résultats s’est faite dans un environnement particulièrement sensible, en externe comme en interne. Non seulement les marchés financiers ont été particulièrement chahutés par la guerre en Ukraine, l’inflation et la hausse des taux, mais le collectif de travail a également été largement fragilisé par les réorganisations à répétition et la RCC : Technology, Operations, Core, pour ne citer que celles de 2023. Les salariés peuvent-ils se projeter dans le plan 2024-2026 en considérant que l’organisation est stabilisée pour les 3 prochaines années ?
Dans ce contexte, le nouveau plan stratégique nous parait particulièrement ambitieux, notamment lorsque la direction projette une multiplication par x4 du principal indicateur commercial, les Net New Revenues. Ainsi, ceux-ci doivent progresser de 58M€ réalisés sur la période 2021-2023 à 248M€ projetés sur 2024-2026. L’objectif de NNR sera atteignable que s’il y a une conjonction des hypothèses sous-jacentes des projections, à savoir, des marchés financiers favorables, un retour de l’appétit pour le risque des clients tiers, une surperformance des produits CORE, une forte collecte sur les ETF Actif en cours de lancement, une très bonne performance d’AXA IM Select et d’AXA IM Prime, mais également de bonnes performances des actifs Real Estate dans un contexte de crise immobilière. Cette conjonction nous parait utopique.Quelles seront les marges de manœuvre d’AXA IM si un ou des pôles ne parvient pas à remplir les objectifs projetés ? En effet, à fin 2023, les fonds de la plateforme CORE ne performaient pas y compris par rapport à la concurrence. Quelles sont les possibilités ou les opportunités offertes à CORE pour inverser la tendance de -37M€ en 2023 de NNR à +26M€ de NNR en 2026 ? De même pour Select, entre la position actuelle (y.c. de sous-performance par rapport à la concurrence) et les objectifs à l’horizon du plan ? L’ensemblede ces hypothèses reviennent à considérer que l’année 2021 qui était alors qualifiée par la direction comme exceptionnelle sera demain la norme. Quels sont les facteurs économiques et les prévisions permettant à la direction de tabler sur une reproduction des éléments favorables de 2021 sur la période 2024-2026 ? De plus, le Groupe affiche sa volonté de sedésengager du risque financier pour privilégier les risques techniques, ce qui sous-entend que la contribution du Groupe pour atteindre ces résultats sera certainement faible. Dans quelle mesure le Groupe accompagnera le lancement de nouveaux produits ? Quelles seront les classes d’actifs concernées ?Quelles seront les marges de manœuvre d’AXA IM pour innover sans l’appui du Groupe ?
Les élus s’interrogent sur l’influence des enjeux de communication financière du Groupe AXA sur la définition de la trajectoire d’AXA IM. À ce stade il nous semble que l’appropriation de ces objectifs par les salariés constituera un énorme défi.
En ce qui concerne la volonté de la société de poursuivre sastratégie d’acquisitions pour compléter la gamme de produits et poursuivre son développement à l’international, celle-ci soulève un certain nombre de questions :
- Quel a été le prix d’acquisition de WCapital ? Quelles ont été les modalités de financement de cette acquisition ?
- Quelle est la stratégie prévue à moyen terme concernant l’intégration de CAPZA ?
- Quels sont les montants d’investissements dédiés aux acquisitions externes sur la durée du plan ? Dans quelle mesure le Groupe soutiendra-t-il cette politique d’acquisitions ?
- Étant données les ambitions financières du Groupe AXA et la présentation faites aux investisseurs du plan stratégique Groupe, celui-ci est-il en capacité d’absorber une absence de remontée de dividendes de la part d’AXA IM afin d’autofinancer nos acquisitions ? Autofinancer ces investissements nécessitera-t-il de nouveaux plans d’économies tels que ce que nous avons connu avec la RCC de 2023 ?
- Dans quelle mesure la RCC de 2023 représente une réelle variable d’économies pour AXA IM ?
Par ailleurs, bien que l’ESG (Environnement, Social, Gouvernance) soit une conviction de moyen/long terme, la pression sur les performances financières à court terme semble difficilement compatible avec une politique ambitieuse en la matière. À ce titre, les craintes de dissonances exprimées dans notre avis sur les orientations stratégiques au titre de l’information/consultation de 2023 semblent se confirmer. En effet, il est difficile de rapprocher les valeurs ESG prônées vis-à-vis de l’externe d’un côté, et la pression sur la génération de résultats en interne. Dans quelle mesure et sur quel horizon de temps AXA IM peut-elle assumer une sous-performance financière liée à son positionnement ESG ? Comment AXA IM envisage l’articulation entre objectifs financiers à court terme et objectifs ESG à moyen/long terme ?
Concernant les conditions de travail, les élus alertent depuis plusieurs années sur la charge de travail des salariés, toujours davantage sollicités, et sur le manque de perspectives d’amélioration de cette situation à l’aune des fortes ambitions de croissance de l’activité à effectif constant. Les élus considèrent que les salariés n’ont à ce jour pas les moyens de réaliser les objectifs définis dans des conditions de travail acceptables. À la suite des diverses enquêtes ayant eu lieu sur les conditions de travail, quand est-ce qu’un ou des plans d’actions seront présentés aux élus et mis en œuvre afin de remédier à la situation ? Les élus souhaiteraient par ailleurs une meilleure information concernant l’évolution de la force de travail effective au regard du nombre de postes vacants et du taux d’absentéisme. Les moyens humains et techniques pour le moment envisagés ne semblent pas être à la hauteur des ambitions économiques du plan. L’épuisement des salariés n’est pas la variable d’ajustement qui doit permettre d’atteindre les objectifs économiques fixés. AXA IM ne risque-t-elle pas d’être accusée de « social-washing » entre la marque employeur prônée en externe et l’intensification du temps de travail vécu en interne ?
Dans le même sens, les élus souhaitent rappeler que la consultation sur les orientations stratégiques porte non seulement sur les prévisions économiques, mais aussi sur les évolutions attendues des métiers et des compétences. Force est de constater l’absence de ce volet dans l’information remise dans le cadre de cette information-consultation. Les élus soulignent également que la politique de formation ne semble pas en adéquation avec les enjeux en termes de transformation des métiers. Au-delà des modules de masse, l’animation de parcours individuel et les formations associées ne peuvent pas être mises de côté et demeurent une responsabilité de l’entreprise dans le maintien de l’employabilité des salariés d’une part et s’intègrent dans une politique de fidélisation d’autre part. Quelle est la vision de l’entreprise en matière d’évolution des métiers et de projection des effectifs ? Quel investissement l’entreprise est-elle prête à fournir dans le cadre de la formation ? Tout comme l’investissement dans les technologies, l’entreprise ne se doit-elle pas d’investir dans sa force de travail ?
Concernant l’introduction des nouvelles technologies, il est essentiel pour le CSE d’être informé périodiquement de l’état d’avancement des projets ainsi que de leurs conséquences en matière d’évolution des métiers, afin qu’il puisse jouer pleinement son rôle. Quels seront les métiers impactés par l’introduction de nouvelles technologiques ? Quelle sera la nature de ces évolutions ? Quels seront les nouveaux métiers créés ? À l’avenir, les élus exigent, conformément au cadre légal, que chaque évolution technologique fasse l’objet d’une présentation en CSE prenant en compte l’intégralité de la dimension sociale (plan de formation, modification de l’organisation du travail et impacts sur la charge de travail).
Au même titre que le E (Environnement) de ESG constitue une conviction pour la direction d’AXA IM, les élus ont la conviction que le S (Social) devrait également être une priorité, l’un ne pouvant aller sans l’autre. Plutôt que de voir les aspects de politique sociale comme un coût, les élus considèrent que ce sont des investissements clés pour la réalisation de la stratégie.
Aux vues de l’ensemble des éléments à la disposition du CSE, il semble inconcevable pour les élus de donner un avis favorable aux orientations stratégiques présentées.
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